mercredi 1 septembre 2010

VIVE LE CANCER !!!



Je ne parle pas là de ceux qui viennent de nous quitter, Giraudeau, Pingeon, Corneau dont le dernier film "Crime d'amour" est excellent. Qu'il leur soit rendu hommage ainsi qu'à tous les autres, anonymes, qui nous montrent l'exemple du courage et de la dignité.

Je parle du dernier film de Bertrand Blier: "LE BRUIT DES GLACONS"
C'est à mon avis le meilleur des films de Blier.
On y retrouve comme à l'habitude le ton grinçant, le mauvais goût, la provocation, les coqs à l'âne, les outrances qui lui sont coutumiers.
Les acteurs y sont au mieux de leur forme: Dupontel plus horripilant que jamais, la trop rare Myriam Boyer d'une présence remarquable, Dujardin qui cache sous sa barbe (qui lui va ma foi fort bien) un talent qui s'affirme davantage à chaque film.
Il y a la superbe mise en scène qui atteint là des sommets. Huis-clos dans une maison cernée de clôtures, de portails en fer, mais baignée dans le soleil et la nature, des scènes que l'on entrevoit par des ouvertures sans portes, des escaliers de pierre, des terrasses, des vides...
Une magnifique bande son qui va de Couperin à Ravel en passant pas Brel, Leclerc et l'excellent Eddy Louiss.
Et puis surtout, quelque chose de nouveau chez Bertrand Blier: un océan de tendresse, un souffle de vie intense. Il a trouvé pour incarner tant de beauté, tant d'humanité, tant de chaleur, tant de douceur une actrice que j'ignorais, Anne Alvaro qui sublime l'image et le film.
Il faut aller voir ce film ne serait-ce que pour un travelling d'anthologie: la lente montée d'un escalier de pierre, au son d'une chanson de Félix Leclerc, qui aboutit au sujet même du film: LA TENDRESSE, LA VIE !

mercredi 31 mars 2010

L'ARNACOEUR de Pascal Chaumeil


Synopsis: les tribulations d'un "briseur de couples" à gages
Acteurs: Vanessa Paradis, Roman Duris, Julie Ferrier, François Damiens

Vous avez aimé les comédies sentimentales style "Pretty woman", "Nuits blanches à Seattle", "Quand Harry rencontre Sally", ...? Oui? Alors aller voir "L'arnacoeur", c'est une parfaite réussite du genre.
Les paysages sont beaux (Monaco et la Côte), la photo est lumineuse. Les acteurs sont brillants et au mieux de leur forme. Vanessa Paradis a mûri et n'en a que plus de charme; Roman Duris est craquant et au mieux de sa forme dans un rôle mi-tendre, mi-comique, le couple Ferrier/Damiens fonctionne à merveille dans des scènes désopilantes, etc..
Pascal Chaumeil, plutôt spécialiste de series-télé réussi là une très,très bonne comédie qui vous mettra du soleil plein la tête (et on en a besoin)

WHITE MATERIAL de Claire Denis


Synopsis: malgré la guerre civile qui couve dans un pays d'Afrique, la propriétaire d'une plantation de café refuse d'abandonner son exploiration.
Acteurs: Isabelle Huppert, Christophe lambert, Nicolas Duvauchelle

Pas de récit, pas d'histoire dans ce film. Juste des silouhettes qui "vivent" dans un temps suspendu où l'on sent une vague menace. Tout semble calme, mais la violence est là, les êtres sont là mais sans consistance. Même la très charnelle Isabelle Huppert devient presque diaphane dans sa petite robe de toile.
Sentiments étranges que procure ce film: attentes, agacement, étouffement, malaise...
Si c'était là le propos de Claire Denis, c'est parfaitement réussi.

DREAM de Kim Ki-duk


Synopsis: les rêves d'un homme se réalisent par le truchement d'une jeune somnambule

Après l'extatique "Printemps,été,automne, hiver...et printemps",l'astucieux "Locataires" et le troublant "l'Île", Kim Ki-duk nous parle ici des liens entre le rêve et la réalité.
Ce n'est pas le meilleur de ses films mais on reconnaît ici son talent qui sait, par des moyens simples, exprimer des choses complexes. Ici, l'image est fractionnée par des tentures transparentes qui voilent les choses, nous les suggèrent et les opposent à la réalité la plus crue.
Ce jeu pervers entre le rêve et la réalité aboutit à des extrêmes. Les rêves ne cesseront que lorsque la réalité disparaîtra... à moins que ce ne soit l'inverse.

mercredi 24 mars 2010

BLANC COMME NEIGE de Christophe Blanc (sic)


Acteurs: François Cluzet, Olivier Gourmet, Louise Bourgoin
Synopsis: Un homme au sommet de sa réussite sociale, voit sa vie basculer à la mort de son associé.

Thriller à la mécanique implacable. Le héros, confronté à la maffia de l'Est, ne prend jamais la mesure de ce qui lui arrive et se trouve embarqué de plus en plus loin dans la peur et la violence.
Cluzet convient parfaitement pour ce rôle tendu, nerveux, paumé.
Olivier Gourmet dans un rôle un peu différent de ceux dans lesquels on a l'habitude de le voir est excellent.
Louise Bourgoin a encore quelques raideurs dans le jeu. Il faudrait qu'elle retrouve l'aisance qui lui a valu son succès sur Canal+
Quant à moi, je n'ai pas été bon dans mon rôle de spectateur et j'ai eu beaucoup de mal à "entrer" dans le film.

LE TEMPS DE LA KERMESSE EST TERMINE de Frederic Chignac


Acteurs: Stephane Guillon, Aïssa Maïga
Synopsis: A cause d'une panne de voiture, un homme se retrouve coincé dans un village africain situé au milieu de nulle part

Ce film est porté essentiellement par Stéphane Guillon, excellent, mais dont il faudra attendre un rôle très différent pour pouvoir juger si c'est un bon acteur.
Il incarne "l'homo occidentalus" moyen, qui n'a qu'une hâte, se tirer du guépier où il s'est fourré. Il utilise les hommes du village comme des moins que rien pour l'aider à faire redemarrer sa voiture. Pour tuer le temps il couche avec la belle africaine du village.
Elle a le même objectif: sur ordre du chef de village, partir pour aller en France et permettre ainsi au village de survivre.
Incompréhension totale entre ces deux êtres. Pas ou peu de sentiments, juste deux utopies qui se confrontent. Utopie du blanc qui croit faire partie d'une race supérieure; utopie de l'Afrique qui s'imagine que le salut se trouve en Occident.
Ce film est à mon avis "à manier avec des pincettes". j'en veux pour preuve la réaction de la salle au dialogue suivant:
Lui:"Non, tu ne viendras pas en France, tu y serais mal. Et d'ailleurs tu ne saurais rien faire"
Elle:"Je fais le riz"
Hilarité dans la salle!!!
Il y a encore beaucoup de boulot pour qu'on arrive à accepter des valeurs différentes des nêtres. Tiens, une idée: si on lançait un débat sur "les identités internationales"

jeudi 18 mars 2010

ACHILLE ET LA TORTUE de Takeshi Kitano


Synopsis:Parce que tout petit déjà il aimait dessiner,un homme consacre sa vie à la peinture. Jamais admis comme peintre de talent il entreprend, avec sa femme, une quête de reconnaissance artistique qui l'entraîne dans un grand n'importe quoi.
Acteurs: Takeshi Kitano plus d'autres

Kitano, j'adore!
Cet homme à la gueule étrange (la moitié du visage paralysé à la suite d'un accident de moto) est un touche à tout de génie, vénéré au Japon. Peintre, cinéaste, poète, romancier, animateur télé (dont des jeux improbables), tout lui réussi. Elevé à la dure par un père "yakuza" obligé de travailler pour gagner sa vie et une mère de condition modeste qui le battait pour qu'il travaille bien à l'école, il intègre petit à petit le monde du cinéma, d'abord en tant qu'acteur, puis en tant que réalisateur. Deux chef-d'oeuvres à son actif: "Sonatine" et l'excellentissime "Hana-Bi".
En tant qu'acteur, il vole la vedette à tout le reste du cssting et cela sans exprimer quoi que ce soit ni par des jeux de physionomie ni par des mots.
En tant que réalisateur, il porte en lui le Japon et tous ses films parlent de ce pays "détonant" où l'on voit des hommes cravatés travaillant comme des malades que l'on trouve le soir vautrés sur le trottoir après des soirées "saké" quotidiennes, des femmes gardiennes redoutables du cercle familial qui n'arrêtent pas de hanter magasins et restaurants avec des copines, des ados portant toute la journée l'uniforme de leur collège et dès l'école terminée se transforment en personnages de mangas ou en "barbies" érotiques, d'immenses tours enserrant des petites rues bordées des maisons traditionnelles en bois et papier et des temples zen, une foule immense qui se déroule sans heurt et de tout ce mélange explosif ressort un sentiment de paix profonde.

Voilà le cinéma de Kitano: violence, tendresse, auto-dérision. Ce film, excellent, n'y échappe pas. A voir!